Paréo ou Pareu ?

Lorsqu’après plusieurs mois en mer, les grands navigateurs accostaient à Tahiti, ils découvraient un paradis. Les hommes et les femmes y vivaient libres, en accord parfait avec la nature, une peau dorée par le soleil et une cascade de cheveux noirs comme seul habit. Quelquefois les femmes nouaient un morceau d’étoffe autour de leur taille, « le pareu »

Porté pendant des siècles par les Maohi, à l’époque il était fait de tapa, le pareu a fait le tour du monde comme vêtement de plage idéal…sous tous les soleils.
L’artisanat local revendique plus que jamais son origine polynésienne…il était une fois le Pareu

Au commencement était le pareu.

Avant l’arrivée des Européens, les insulaires utilisaient le tapa pour se vêtir.
C’est une étoffe végétale faite d’écorces battues sur une enclume à l’aide d’un battoir, puis imprimée de motifs de feuilles d’arbres sacrés ou de motifs à fleurs, selon l’origine sociale.

Certes on trouvait du coton au Marquises et dans les îles de la Société mais les polynésiens ignoraient alors l’art du tissage.
Dans les atolls, où la végétation est plus pauvre, on utilisait les feuilles de pandanus ou des folioles de cocotiers tressés.
Sa production occupait une très grande partie du temps des femmes et il était considéré comme une matière précieuse. Plus la finesse du tapa était importante, plus précieuse était l’étoffe.

Progressivement le tapa fut abandonné car malheureusement avec l’arrivée des européens,  arriva également le tissu, des pièces d’étoffes imprimées aux motifs colorés: le pareu était né.

Le pareu tel que nous le connaissons aujourd’hui, était à ses débuts une étoffe grossière, de couleur écru et qui peu à peu prit des couleurs, s’affina, pour devenir plus sophistiqué et enrichi de motifs à fleurs.
Les dessins les plus reproduits sont la fleur de tiaré (emblème de Tahiti) ou d’hibiscus, de couleur blanche sur fond rouge, le uru (fruit de l’arbre à pain) et ses feuillages, mais encore les motifs marquisiens inspirés des “tapa” traditionnels.

Dans les temps anciens où la couture n’était pas encore pratiquée, les polynésiens enroulaient ou drapaient autour de leur corps cette grande étoffe. Il était fréquent de s’en servir comme cadeau d’échange entre les insulaires et les occidentaux.
Matière fluide et  légère, idéale pour les températures chaudes des îles, elle était également appréciée pour sa solidité.

Pièce de tissu rectangulaire d’environ 2 mètres de long, ornée de motifs décoratifs locaux, le pareu est le vêtement par excellence des Polynésiens tant ils font preuve d’efficacité et d’inventivité quant à son utilisation.
Le pareu tient plusieurs fonctions dans la maison; il peut servir de rideaux, de nappes, de couvres-lit, de chemise pour le tané (l’homme) , de robe pour la vahiné (femme), de serviette de bain, de sac, de porte bébé, sans oublier le ori (la danse). Et ce n’est qu’une petite liste des nombreuses fonctions qu’on lui attribue. A chacun de trouver sa façon de l’utiliser.

Sais-tu qu’il existe plus d’une centaine de manière de nouer le pareu ? Incroyable non ?
Je t’en parlerai dans un prochain article.
Mais en général la façon de le porter est très simple; les hommes le portaient le plus souvent comme une jupe nouée autour de la ceinture; on appelle cela “maro” tandis que pour les femmes, il était noué à la taille et descendant jusqu’aux genoux, voire jusqu’au chevilles; c’est de là que vient le nom de “pareu”

Si le pareu est devenu aujourd’hui un vêtement pratique et moderne, c’est en partie grâce à la société tahitienne d’impressions artistiques. En effet, depuis le début des années 50, des entreprises artisanales familiales impriment de plus en plus de tissus en Polynésie, accélérant ainsi la fabrication locale en même temps que le succès. Mais les importations en provenance d’Asie sont encore importantes.

Autres temps, autres mœurs, pareu ou paréo est un mot qui évoque désormais les loisirs modernes, la plage, les vacances, le soleil, la simplicité, l’exotisme, le voyage…la Polynésie.

Qui fabrique les paréos à Tahiti ?

Une des entreprises les plus connues pour la confection des paréos est Tahiti Art. Entreprise familiale locale fondée en 1957 par Gérard Guyot, elle imprime des tissus selon une technique qui a depuis longtemps disparu, la technique dite “à la planche”.
Identique à celle dont se servaient les décorateurs de tapa, les planches sont gravées à la main et on utilise des feuillages naturels comme le faisaient les anciens.

C’est un procédé assez long à mettre en place car il ne fallait pas moins de 15 jours de travail pour dessiner et graver les planches de 3 mètres de long.
La couleur posée manuellement sur la planche d’impression, permet de créer une palette infinie de nuances, tout à fait impossible à réaliser avec une machine.

En 1984, soucieux de répondre à une demande toujours grandissante, l’entreprise se lance dans une technique utilisant le procédé photographique par la sérigraphie, afin de reproduire l’impression à la planche de façon plus rapide et moins coûteuse.
Mais la concurrence est toujours là, avec les impressions industrielles.
Heureusement, de part la richesse des nuances de couleurs, la qualités et l’aspect artistique des motifs proposés , l’entreprise a sû s’imposer encore et toujours dans le paysage polynésien.

Réputé pour la qualité de sa production, Tahiti Art continue de protéger son art.
L’histoire de l’impression “à la planche” a encore de beaux jours devant elle.
Tahiti Art, Rue Tamahana, 98712 Arue
Tu peux retrouver les paréos Tahiti Art ici 

D’autres entreprises se sont lancées à la conquête de ce morceau d’étoffe si cher au cœur des polynésiens. Parmi elles il y a Arii Créations, entreprise de tissu et de paréos ou encore Ma robe à moi, entreprise textile à Mooréa, et qui a fait du paréo sont leitmotiv.
Les artisans du paréo ne manquent pas en Polynésie et il te suffit de prendre un peu de temps pour les découvrir durant ton séjour.

Quel paréo choisir ?

Des paréos, on en trouve partout à Tahiti, il suffit de se rendre au marché de Papeete pour en être submergé.
Il y a les paréos soleils comme on les appelle à Tahiti. Ce sont ces fameux paréos en voile de coton, peints à la main par les artisans, aux couleurs de l’arc en ciel et séchés au soleil, d’où son nom. Ils sont très légers, voire transparents pour certains tellement le voile est fin. Ce sont mes préférés, surement parce que j’ai grandi avec.

Ils se lavent et se sèchent en un tour de main. Il arrive que les couleurs perdent de leurs intensités au bout de plusieurs années de lavage mais c’est tout à fait normal. Quoi qu’il en soit on en a toujours plusieurs dans nos armoires, tellement ils sont beaux. Il est très difficile de résister à la tentation d’en acheter plusieurs avant de quitter la Polynésie.
Découvre les paréos soleil ici 

Les paréos en fibranne ou viscose, qui généralement sont des paréos importés, sont fabriqués en série. D’inspiration polynésienne, ils sont plus solides que les voiles de coton et les couleurs ne bougent pas avec les années. C’est un paréo au tombé fluide et soyeux, ce qui en fait un paréo très apprécié par ceux et celles qui pratiquent la danse tahitienne (Ori Tahiti), car il accompagne merveilleusement bien le déhanché des vahinés.
Si toi aussi tu veux apprendre le ori Tahiti, alors choisis ton paréo ici 

On a vu le paréo voile de coton, le paréo fibranne mais il y a aussi le paréo coton/tissu et le coton/polyester.
Le paréo coton/tissu, c’est tout simplement le paréo coupé dans du tissu tahitien. Dans les années 60/70, on en trouvait beaucoup. Les tissus imprimés de fleurs étaient coupés aux dimensions d’un paréo et chaque extrémité était cousue pour éviter l’effilochage. Cette opération était inutile dans la largeur car la lisière servait de bord franc.

Quant au paréo coton/polyester, c’est un peu la même chose. On en trouvait beaucoup dans ces mêmes années et on en trouve encore beaucoup, chez Tahiti Art, chez certains magasins de vêtements, dans les boutiques de tissus, ou dans les placards de nos grand-mères.

Encore un paréo que j’adore. Il est solide, les couleurs ne bougent pas et ce malgré des années de lavages intensifs, il est très joli en nappes ou pour aller pique-niquer et servir de tapis pour s’asseoir dans l’herbe. Les tâches partent plus facilement que sur le coton ou la fibranne, il sèche rapidement et pas besoin de le repasser. Il a tout pour te plaire.

Où trouver mon paréo ?

Pour finir, voici les lieux où tu peux trouver des paréos tahitiens: 

• au marché de Papeete (le plus grand choix)
• dans les boutiques Tahiti Art, Arii Créations, Ma robe à moi
• dans les nombreux curios ou magasins de souvenirs de la capitale 
• dans les boutiques de vêtements
• les boutiques de tissus (mais là tu risques de succomber aussi aux tissus)
• les foires salons et expositions artisanales qui couvrent l’année
• et même sur le bord de la route. Si tu fais le tour de l’île, tu verras certainement des marchands ambulants, exposant des paréos dansant avec le vent et autres produits locaux. 

Tahiti et le paréo…c’est une grande histoire d’amour, une histoire contagieuse pour tout être humain qui a le bonheur de poser le pied sur l’île paradisiaque.